
Quand les tribus canaques se révoltèrent contre l’occupation française pour reprendre leur liberté, on les combattit avec des obusiers de montagnes contre des sagaies, ce qui donna la victoire à ce qu’on appelle la civilisation, sur ce qu’il est convenu d’appeler la sauvagerie.
Eh bien, les bulletins de vote destinés à être emportés par le vent avec les promesses des candidats ne valent pas mieux que les sagaies contre les canons.
Le vote, c’est la prière aux dieux sourds de toutes les mythologies, quelque chose comme le mugissement du bœuf flairant l’abattoir. Il faudrait être bien niais pour y compter encore, de même qu’il ne faudrait pas être dégoûté pour garder des illusions sur le pouvoir.
Est-ce que la raison d’État ne rend pas le gouvernement impuissant à toute autre chose qu’à sa propre conservation, pour laquelle il sacrifie des millions d’hommes et tout ce qui en fait vivre des millions d’autres ? — On a des troupeaux, c’est pour les tondre et les égorger, il n’en est pas autrement du bétail humain.
La volonté du peuple?! Avec cela qu’on s’en soucie de la volonté du peuple !
Si elle gêne, on ne la suit pas, voilà tout ; on prétend qu’elle est contre la loi. Et s’il n’en existe aucune, on en fabrique une, comme les écrivains sans imagination démarquent un chapitre de roman.
N’y a-t-il pas assez longtemps que la finance et le pouvoir célèbrent leurs noces à l’avènement de chaque nouveau gouvernement ?
L’anarchie, c’est l’ordre par l’harmonie.
